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caroline

la peindre. D’abord elle eut un peu de peine à se fixer. Elle regardoit plus souvent la croisée que son vélin ; mais peu à peu son ouvrage l’attacha et l’occupa tout entière. Elle y travailloit avec application, et les fleurs naissoient sous son pinceau, lorsqu’elle entendit tout à coup dans le lointain le galop d’un cheval. Ce bruit la surprit autant que le second dessus de la veille. Il ne ressembloit point au pas lent et pesant des chevaux du village.

Le pinceau fut bien vite jeté, peut-être au milieu du tableau ; et voilà Caroline à la croisée, regardant de tous côtés.

Elle vit à cinquante pas un très-bel homme, monté sur un cheval gris, fringant et fougueux, qu’il manioit avec grâce. Voyez comme les femmes ont le coup d’œil juste et perçant ! Elle avoit à peine entrevu l’étranger de la veille ; il étoit en habit de chasse vert, celui-ci en uniforme des gardes ; il étoit à pied, celui-ci à cheval ; il chantoit, celui-ci