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caroline

eut cessé de les apercevoir. Elle se représentoit le cavalier tombé de son cheval, foulé, blessé, écrasé… Si du moins ce maudit cheval s’étoit emporté dans le village, on auroit pu l’arrêter, donner des secours à son maître, le recevoir au château. Elle eut bien l’idée de faire courir un domestique après lui ; mais après qui ? elle l’ignoroit elle-même ; et sur quelle route ? Il y en avoit plusieurs qui se croisoient là. D’ailleurs, il n’est pas aisé de courir après un cheval emporté ; et puis, comment en donner l’ordre ? Elle ne l’oseroit jamais ; et il fallut bien rester avec son inquiétude.

Elle chercha à la calmer, en se rappelant comme cet officier montoit bien ; comme il avoit l’air ferme et sûr de son fait avant ce malheureux salut qu’elle se reprochoit. Elle espéra que le maître n’ayant plus personne à saluer, le cheval se seroit calmé ; elle eut même l’idée qu’il pourroit bien passer encore le lendemain.