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caroline

conviction qu’elle ne le reverroit plus, que tout étoit fini, et pour elle et pour lui ; le contraste du style étudié et froid de ce billet, avec le cahier qu’elle venoit de lire ; ces mots d’estime et d’amitié, tracés de la même main qui venoit de lui peindre avec tant de feu les sentimens les plus vifs et les plus passionnés ; la contrainte où elle étoit vis-à-vis de son amie ; toute sa situation enfin devint si cruelle, qu’elle avoit peine à la supporter. Auroit-on cru que son supplice pût augmenter encore ? Elle achevoit à peine les derniers mots de ce billet, en s’efforçant de retenir des larmes qui inondoient ses joues : elle veut les essuyer, tire son mouchoir de sa poche ; la petite boîte qu’elle venoit d’y mettre, et qui, dans cet instant, étoit bien loin de sa pensée, s’échappe, roule à ses pieds, s’ouvre en tombant, et présente en entier à Caroline ces traits, cette figure qu’elle n’avoit pas encore osé regarder. Ce petit accident étoit bien naturel, et, si l’on veut, bien