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caroline

permettoit. J’étois si troublé, que je ne songeois point que j’en aurois pu trouver à la ferme, dont nous n’étions pas à vingt pas. Dans ce premier moment, je ne savois même plus ce qui avoit pu causer cet affreux malheur ; toute autre idée que la sienne étoit effacée de mon esprit. Je le soutenois contre ma poitrine, et, malgré mon tremblement, je vins à bout de lui faire, avec nos deux mouchoirs, une sorte d’appareil.

» Quand j’eus fini, la mémoire me revint tout à coup. Ah Dieu ! c’est moi, c’est moi, malheureux, qui l’ai mis dans cet état affreux, disois-je en gémissant, en me cachant le visage contre terre, en poussant des cris inarticulés ! — Lindorf, me disoit le pauvre blessé, cher Lindorf, calmez-vous ; écoutez-moi. Il vous reste un moyen de réparer vos torts, de conserver mon estime, mon amitié, de les augmenter même. Oui, vous me serez plus cher que jamais, si vous me promettez, sur votre honneur, ce que je vais exiger de vous… Je ne