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de lichtfield.

m’attirer au moins sa confiance et son amitié ; mais dans le peu de visites que je lui rendis, le baron crut qu’il étoit de l’étiquette de ne pas nous quitter un instant. Elle parloit peu ; mais ce peu étoit prononcé avec tant de grâces et si bien placé, que tous les jours je m’attachois davantage à elle, et que j’étois persuadé que je serois le plus heureux des hommes.

La veille de la cérémonie, qui devoit se faire à la campagne, je crus cependant apercevoir des traces de chagrin sur son charmant visage. Ses yeux étoient rouges ; son cœur paroissoit oppressé, on voyoit qu’elle s’efforçoit de prendre sur elle. J’en fus très-ému ; et saisissant une minute où son père nous avoit quittés, je m’approchai d’elle avec tendresse. Belle Caroline, lui dis-je, seroit-ce l’approche de mon bonheur qui fait couler vos larmes ? Elle baissa les yeux, garda quelques instans le silence ; enfin, elle dit à voix basse : On ne s’engage pas pour la vie sans effroi ;