Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
caroline

dans le cœur, en lui parlant à l’avance de cette cruelle séparation. Quoiqu’elle lui parût inévitable, elle se flatta qu’elle seroit peut-être encore différée : son père ne lui fixoit point de temps précis ; il lui ordonnoit seulement de se tenir prête à partir lorsqu’il viendroit la chercher, sans doute avec ce redoutable époux.

Caroline leur laissa le soin d’instruire la chanoinesse, et attendit d’un jour à l’autre ce moment dans des transes mortelles, ayant pour unique espérance celle de mourir avec sa bonne maman du chagrin de se quitter. Elle étoit dans ce trouble, dans cette agitation continuelle, qui influoit même sur sa santé, lorsqu’un jour elle reçut une lettre dont elle reconnut à l’instant l’écriture et le cachet, et qui lui causa une émotion incroyable. Elle étoit du comte lui-même, de cet époux si redouté. Elle trembloit avant de l’ouvrir, et faillit à s’évanouir en voyant d’où elle étoit datée, c’étoit du château de Ronebourg,