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caroline

Il supporta tout avec une patience, une fermeté, une douceur, dont lui seul pouvoit être capable, et se trouvoit bien dédommagé de ses peines par le triste bonheur de soigner la plus adorée des femmes.

C’est alors qu’il eut une véritable reconnoissance pour la chanoinesse, de la lui avoir amenée ; car il croyoit que sa maladie avoit une cause bien plus éloignée que l’émotion de cette arrivée, qui pouvoit tout au plus en avoir décidé le moment, mais qu’il attribuoit en entier à sa passion pour Lindorf et au regret de ne pouvoir être à lui. Son goût décidé pour la retraite, son projet d’y passer sa vie : tout le confirmoit dans cette idée… Il relut dix fois la dernière lettre qu’il avoit reçue d’elle, et l’interpréta en entier d’après ce qu’il s’étoit persuadé : pourvu que nous soyons séparés, répétoit-il douloureusement. Chère et cruelle Caroline ! Mais non, c’est moi qui serois le plus cruel, le plus barbare des hommes, si j’élevois