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caroline

quel elle vouloit unir mon sort, et dont elle ne cessoit de me vanter la figure, l’esprit et la passion. Pour moi, j’avoue que je n’ai su voir qu’un homme bien blond, bien blanc, bien fat, bien vain, bien suffisant, bien égoïste, n’aimant que lui seul au monde, et ne me faisant l’honneur de penser à moi que parce que j’étois la sœur de favori du roi, et l’héritière de madame de Zastrow.

Je ne cachois point ma façon de penser à ma tante, ni sur son neveu, ni sur Lindorf. Elle savoit combien je haïssois l’un, et combien j’aimois l’autre, et ne cessoit de chercher à détruire ces deux sentimens. Vous voyez bien, me disoit-elle, que votre frère a changé d’avis. — Oui, ma tante, mais son avis ne change pas mon cœur. — Votre Lindorf ne vous aime plus. — Est-ce que je dois me punir de son infidélité ? — Vous ne le reverrez jamais. — A-t-on besoin de voir pour aimer et pour tenir ce qu’on a promis ? — Mais