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de lichtfield.

pas davantage, dit Caroline à demi-voix, en pressant contre son cœur la main du comte.

Pour moi, reprit Matilde, je trouvois, à Dresde, que c’étoit déjà beaucoup trop d’une fois, et que nous autres femmes nous sommes bien dupes d’aimer. L’amour ne nous donne que des tourmens, et si peu à ces hommes ! Monsieur s’amusoit tranquillement à Londres pendant que j’étois grondée, persécutée, désespérée du matin au soir. Je me trouvois cependant bien moins malheureuse depuis que j’avois une amie à qui je pouvois ouvrir mon cœur. Eh ! quelle charmante amie ! Elle entroit si bien dans toutes mes idées ; elle approuvoit si fort mon amour et ma constance ; elle me disoit tant de bien de Lindorf et tant de mal de Zastrow ! et cependant elle poussoit la complaisance pour moi au point de le recevoir, de l’entretenir à ma place pendant des heures entières. Elle me conseilla même de l’inviter toujours