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de lichtfield.

J’étois agitée de mille pensées différentes lorsque mademoiselle de Manteul entra chez moi. Je lui tendis les bras dès que je l’aperçus : venez au secours de votre malheureuse amie, lui dis-je en pleurant.

Je n’imaginois pas encore jusqu’où peut aller l’amitié. Elle étoit aussi pâle, aussi tremblante, aussi émue que moi-même. — Je sais tout, me répondit-elle d’une voix altérée ; je sors de chez votre tante. Qu’avez-vous fait, Matilde ? vous avez promis d’épouser Zastrow. — Je l’ai vu prêt à se tuer. — Bon, les hommes ne se tuent pas toutes les fois qu’ils le disent : mais qu’est-ce que vous ferez ? La tiendrez-vous cette fatale promesse ? Rappelez-vous toutes celles que vous avez faites à Lindorf. — Eh ! pensez-vous que je les oublie ? lui dis-je avec impatience ; elles sont toutes écrites là, dans mon cœur. On me l’arracheroit plutôt que de les en effacer. Mais ce n’est pas ce dont il s’agit à présent ; c’est de me soustraire à cet