Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
caroline

pas ? Ma sœur, vous prendrez, j’espère, avec moi le parti de notre sexe. — Nous ferons mieux, dit Caroline, nous lui prouverons que deux femmes peuvent s’aimer de bonne foi. — Je ne leur fais pas le tort d’en douter, reprit le comte ; je crois même qu’une amitié sincère, pure, désintéressée, est moins rare parmi les femmes qu’on ne le pense. Un sentiment si doux est fait pour leur âme sensible et confiante ; mais vous me permettrez de ne pas citer mademoiselle de Manteul comme un modèle d’une amitié pure et désintéressée. — Comment, mon frère, après tant de preuves du plus vif intérêt ! — Chère Matilde, je suis fâché de vous ôter cette heureuse crédulité de votre âge, qui prouve si bien l’innocence de votre cœur ; mais je doute très-fort que vous fussiez l’objet de ce vif intérêt que mademoiselle de Manteul prenoit à votre situation. N’avez-vous jamais pensé que monsieur de Zastrow pouvoit y avoir quelque part, et qu’elle a bien plus songé à