Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
caroline

à lire ou à faire de la musique. Ce soir-là elle chantoit devant son feu, déshabillée à demi, penchée sur un fauteuil, en s’accompagnant foiblement de sa guitare. L’air qu’elle chantoit étoit doux et triste ; il paroissoit l’affecter beaucoup. De temps en temps elle s’interrompoit, passoit sa main ou son mouchoir sur ses yeux, et recommençoit avec une voix plus altérée.

Le comte croyoit connoître tous les airs qu’elle savoit et qu’elle aimoit ; et celui-ci étoit nouveau pour lui. Il prête l’oreille, s’efforce d’entendre les paroles ; elle chantoit si bas qu’il ne saisit d’abord que quelques mots. Celui de Caroline, qui finissoit une ligne, le frappa. Il écoute avec plus d’attention encore ; enfin il parvient à entendre ces quatre vers qui terminoient un couplet :


Mais puis-je me flatter encore ?
Non, l’espoir s’éteint dans mon cœur.
Toi qui me fuis, toi que j’adore,
Où veux-tu chercher le bonheur ?