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caroline

j’allois perdre la vie ou la raison ;… et si vous persistiez dans cet affreux projet, c’est comme si vous me disiez : Caroline, je veux que tu meures. Oh ! dites-moi plutôt que je suis encore à vous, que j’y serai toujours… Tenez, vous voyez bien que cet affreux papier ne signifie plus rien, lui dit-elle, en lui montrant l’acte de divorce qu’elle avoit déjà déchiré, et qu’elle jeta dans le feu.

Le comte ne pouvoit parler ; ce qu’il éprouvoit étoit au-dessus de l’expression. Il couvroit de baisers les mains de Caroline ; il les pressoit contre son cœur ; il prononçoit des mots entrecoupés, sans liaison et sans suite. Dans son délire, il baisoit avec transport son propre portrait, qu’il regardoit comme la preuve de l’amour de sa Caroline.

Elle le pressa encore de lire le cahier. Il ne le vouloit pas ; il falloit pour cela la perdre un instant de vue, s’occuper d’autre chose que d’elle seule,