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ANGLAIS — FRANÇAIS

trouvée de l’esprit français. Nous resterions dès lors sur le terrain de l’adversaire, le seul peut-être où il soit prêt à reconnaître par la force des faits, la supériorité d’autrui.

Il faut d’abord préparer nos équipes en les pourvoyant de bons joueurs, bons non pas dans le sens anglais puisque ce serait les assimiler, mais dans la plénitude, résolument recherchée, de notre innéité. L’individualisme, source sans cesse ravivée d’invention chez le Français, s’est dénudé chez nous de ses qualités créatrices pour ne garder que sa révolte à l’endroit des contraintes et a dévié dans une sorte de passivité. La France, préoccupée de liberté, s’est unifiée, ne l’oublions pas, par les lettres et les arts mis au service du groupe. L’intelligence, l’instruction, une classe paysanne solide offerte à la bourgeoisie comme la terre à la moisson, une fortune modeste mais répandue, un goût plus sûr et plus actif, une connaissance beaucoup plus vivifiante de la civilisation où nous prétendons survivre : autant de plaques indicatrices sur le chemin qui part de l’école. Fierté, refrancisation, réveil, rien ne s’accomplira sans le cœur inspiré par l’esprit, sans l’école éclairant le sol et les êtres des splendeurs de notre culture. L’homme ainsi formé selon sa vitalité, à l’aise désormais dans des mouvements où s’assouplit sa nature, et voilà l’équipe prête car elle a su acquérir une des formes d’organisation propres à son génie.

Il lui reste à s’unir, à former faisceau. C’est notre point névralgique. Nous devons fortifier notre organisme collectif, lui donner une physiologie d’at-