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LE FRONT CONTRE LA VITRE

rituelle des Canadiens » — ces mots valent qu’on les retienne — n’eut qu’à grandir avec la population : encore peu d’années et on inscrira au programme, déjà chargé de lettres, la philosophie avec la théologie, voire les sciences positives, dont l’hydrographie, pour donner à Talon « une pépinière de navigateurs ». Plus tard, les collèges se multiplieront sur ce type, et par toute la province, depuis la vallée de l’Outaouais jusqu’aux confins du Golfe : il s’en lèvera des défenseurs.

Enfin l’Université nous donne, au XIXe siècle, la certitude d’une avance désormais assurée. L’enseignement supérieur est un couronnement. Il nous libère et nous renforce. On a dit souvent, on ne répétera jamais trop, que l’Université est le cœur où bat la vie de la nation. Elle commence seulement sa tâche qui est de donner au peuple, en les renouvelant, une jeunesse, puis des hommes. Indépendante des mille combinaisons que l’ambition suscite, elle forme l’homme de profession, le spécialiste, et, par eux, des compétences ; enfin, de plus en plus, l’opinion : on le reconnaîtra quelque jour, lorsque des engouements particuliers aux pays jeunes auront passé. L’Université, intimement liée aux collèges, est la grande civilisatrice, la gardienne de nos pensées, de nos plus nobles qualités, le plus sûr instrument de notre supériorité. Qu’elle ne fasse encore qu’aspirer à sa pleine fonction, il n’importe : elle y atteindra. École primaire, collège classique, université, ont été trois merveilleux secrets de durée. Aux moments difficiles où nous avions à choisir entre le souvenir et l’intérêt, nous les avons dressés du côté de la fidé-