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LE GRAND SILENCE BLANC

de la propension. On en oublie la vie. S’il arrive que les circonstances contraignent le jeune homme à laisser le collège, il part vers l’existence avec son histoire ancienne, quelques décalques de cartes géographiques, des éléments de mathématiques, et du latin en puissance. Est-il sage d’abandonner ainsi ceux qui, comme Jean Rivard, ne peuvent pas aller plus loin ? Quelle concurrence feront-ils aux autres qui, formés tout autrement, ont du moins, si leurs études sont arrêtées, des chances de réussite parce qu’ils ont acquis des connaissances précises ? Qui dira combien rude est le chemin que les nôtres doivent parcourir !

L’enseignement des sciences, disséminé le long des années d’études, comme en France, aurait aussi pour conséquence appréciable de former, dès la jeunesse, le sens de l’observation ; car, ces sciences on les expliquerait en se fondant sur la vie qu’elles expriment, et non sur des manuels qui sont choses excellentes, mais mortes. Et l’enfant apprendrait petit à petit, et non pas tout à coup, dans la hâte d’une fin de cours, ce qu’il est, où il vit, dans quel milieu, dans quel pays. Le sachant, il verrait son utilité propre, la fonction que l’on attend de lui, il jugerait chaque chose à son mérite, il agirait sans se perdre dans la surprise ou l’hésitation. Il livrerait, pour reprendre les mots de Mgr Guigues, « les combats de la religion et de la patrie », car la religion ne peut que se fortifier par l’appui de la science, de la vraie science ; et la patrie ne peut que gagner à abriter des enfants qui, l’ayant aimée dans toutes ses manifestations, ne rêvent que de la servir. Sortons les « pe-