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LE FRONT CONTRE LA VITRE

chansons indiquent que la forêt se peuple et que l’exemple est suivi. Le village se dessine autour de l’église et du cimetière « soigneusement enclos », les travaux se répartissent, les autorités sociales apparaissent, la communauté s’organise, la zizanie s’en mêle : Rivardville est fondée. C’est là que l’auteur viendra vivre son dernier chapitre, longue causerie évocatrice avec Jean Rivard qui a tout dirigé, qui fut tour à tour major de milice, juge de paix, commissaire d’école, député. Rien ne manque au spectacle de cette Salente, pas même le souvenir discret de Fénelon. Une prospérité remplie de paix et d’ardeur, où Jean Rivard vieillit, entouré de ses nombreux enfants. C’est une histoire qu’on ne lira pas sans émotion et qui est, quoique plus à fleur de terre, de la même veine que Maria Chapdelaine.

Cette dernière conversation, poursuivie au milieu de larges avenues et de jardins en fleurs, revêt agréablement une leçon d’économie politique et permet de choisir parmi les raisons qui ont provoqué le succès dont Rivard multiplie autour de nous les preuves.




Jean Rivard, ayant élu la terre, avait décidé de produire pour lui-même et pour d’autres, d’apporter à la société non pas une charge mais une conquête. La nature lui offrait un sol fertile, un climat généreux et la force physique. Il avait un capital, cinquante louis, et l’honnêteté de son effort devait lui assurer le crédit, aide nécessaire ainsi que le démontre l’his-