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LE FRONT CONTRE LA VITRE

l’ami de l’ordre et de l’économie », nous apprend une confidence de Jean Rivard. L’ordre est l’atmosphère même du progrès matériel et l’économie est l’esprit de prévoyance qui caractérise l’homme. Travail, épargne, voilà deux moyens de construire ou de reconstruire, qu’il s’agisse d’une économie nationale ou de l’Europe dévastée : l’un crée, l’autre fonde, et tous deux laissent aux mains de l’homme le capital, signe réel de la richesse que le papier, même aux armes des princes, ne fait que représenter.

Rivard évite avec soin les immobilisations inutiles, satisfait de la terre qu’il occupe et qu’il exploite ; il fuit les exigences bientôt dangereuses du luxe pour se borner au convenable, sinon à une certaine élégance ; il fabrique du capital : au moment où Antoine Gérin-Lajoie lui rend visite, la propriété où Rivard a autrefois jeté cinquante louis en vaut cinq mille, et l’excédent de son revenu, bien placé, aidera à maintenir nos institutions, à développer notre avoir et à nous donner l’indépendance économique qui est une des conditions, fût-ce la moindre, de notre survivance.




Épargne et travail sont le fait de l’homme qui en acquiert l’habitude par la formation familiale et les enseignements de l’école. Les gouvernements peuvent, par de sages législations, leur donner l’occasion de s’exercer et de produire des fruits ; mais encore faut-il que ceux qui dirigent possèdent eux-mêmes et rencontrent chez leurs administrés l’esprit