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LE FRONT CONTRE LA VITRE

roi de France ait rendu hommage à son savoir et à son honnêteté, qu’il ait habité cette « malouinière » qui le sort du commun, et qu’il ait épousé un beau nom de la région… Petits morceaux d’histoire, infiniment précieux, dont jaillit la statue vivante de l’ancêtre.

Le groupe venu célébrer Cartier le long des hameaux de Paramé, écoute, dans cette cour intérieure, entre la maison et l’étable, des paroles affectueuses. Pendant qu’un chanoine évoque avec délicatesse Catherine des Granges, qui fut la confiance et la force de Cartier, une tourterelle applaudit d’un coup d’aile. Singulière résistance de l’amour ; dans des maisons comme celle-ci, faites aussi d’un dur granit, les mères canadiennes ont conquis et gardé un pays au souvenir français.

La délégation s’arrête à Rothéneuf, devant la Chapelle des Sablons : un minuscule oratoire que remplit l’autel, un prie-Dieu dans les champs. La pierre blanche que l’on dévoile porte simplement : Ici Cartier a prié, 1534-1934. Dans le couvent des Ursulines, à Québec, « reliquaire du Canada », une lampe perpétue la prière de France. Les Sablons, n’est-ce pas le nom que Cartier a placé près de la terre aride « que Dieu a donnée à Caïn », et qui est resté quand d’autres ont disparu ? Il nous ramène au grand fleuve de lumière où le navire du découvreur avance, dans un vol d’oiseaux, jusqu’au « Cap d’espoir ».

Les Alouettes se blottissent dans le petit sanctuaire,