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AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

sait plus où dort le poète, si dormir c’est épouser le sommeil de la terre. Il n’y a plus que son image qui vive, les yeux tournés vers l’océan, des yeux de bronze, fermes et vides. Il reste grand par l’élan généreux de ses vers tournés, eux, du côté de la France. Il a chanté l’épopée brisée. Pourvu que sa chanson ne s’efface pas de l’âme populaire :

Dis-moi, mon fils, ne reviennent-ils pas ?




Dans la salle de spectacle de l’Hôtel Frascati, le chœur des Alouettes fraternise avec la Lyre havraise : Berlioz et la chanson des bois. Le lendemain, un vin d’honneur nous réunit dans le cabinet du député-maire, Léon Meyer, qui remet aux Alouettes la médaille de la ville du Havre. Les artistes disent adieu à la France dans une chanson qui, comme de raison, finit le beau voyage : La rose blanche. Je me rappelle le mot de Flers et Caillavet : « Un bouquet, c’est un cadeau, une fleur c’est un souvenir ».

C’était, selon les journaux, la première fois que l’on chantait dans le cabinet du maire : un vieux Noël, D’où viens-tu bergère, où transparaît le Gloria in Excelsis. Et les journaux dirent encore : « Léon Meyer fut le premier à applaudir la glorieuse phalange ».




Du retour, je ne sais rien. Je suis resté en France, les Alouettes l’ont quittée. J’ai appris que les artistes