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LE FRONT CONTRE LA VITRE

térature de choix. Gardez tout cela. Soyez sans doute Canadiens, Canadiens d’abord, même dans votre commerce qui fait la vigueur de votre jeune pays ; mais défendez vos traditions, vos coutumes, votre droit, vos libertés parlementaires.

L’Angleterre n’en conçoit pas d’ennui. Comment s’opposerait-elle à votre résolution quand elle a surgi des mêmes résistances ? Elle fut, à ses débuts, une colonie — elle, la mère aujourd’hui des Dominions. Elle fut conquise par les Normands, qui lui trouvèrent du courage et de la ténacité. Ils lui ont laissé sa langue « pourvu de n’être pas contraints de l’apprendre eux-mêmes », et jusqu’à sa détestable boisson, la bière, sans lui imposer leur cidre qu’ils jugeaient bien supérieur. L’expérience a porté, au point que la Grande-Bretagne y est restée sensible tout le long de sa carrière de métropole. Son empire est fondé sur l’expansion des forces qui le composent. Ainsi votre nation sera puissante si elle jaillit de nos deux « civilisations créatrices et complémentaires ».

Les Français qui vous rencontrent pour la première fois font gloire à l’Angleterre des libertés dont vous avez profité. Je sais que, selon le mot de Gladstone, nous ne vous les avons pas concédées parce que nous vous craignions ; mais parce que, devant la justesse de vos revendications, nous n’avons pas pu faire autrement. Vous luttez encore dans les provinces où vous êtes en minorité, autour du Golfe Saint-Laurent et dans les régions de l’Ouest. Vous y recommencez l’inépuisable argument de votre chair.