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LUMIÈRE DU NORD

d’inspiration anglaise. On le reconnaît à une sobriété peut-être excessive, aux façades nues, aux toits allongés dont le mouvement se boucle au cran de larges cheminées. Tels coins de Montréal ou de Québec font rêver à des gravures anciennes où, sur des places dégagées, évoluent des crinolines et des soldats de bois. La pioche démolit peu à peu de belles terrasses blanches assemblées de cette pierre polie que recherchait la bourgeoisie naissante. Il y a cinquante ans on respectait encore l’alliance des matériaux, la pureté des formes, et surtout les conseils et les exigences de la simplicité. L’œil attentif découvre, à Montréal, depuis le centre de la ville, le mouvement en éventail des toits à la Mansart revêtus d’ardoise, ou les façades de brique rouge, lignées du Champ de Mars vers les quartiers, aujourd’hui populaires, où nos pères trouvaient plaisir à se loger.

Puis le progrès est venu comme un coup de vent qui retourne les feuilles. — Il fut malencontreux.

Un jour que je voyageais en automobile avec un abbé qui prise l’art comme un enrichissement de l’esprit, je l’entendis s’apitoyer sur le dérèglement qu’un déplorable laisser aller inflige à nos campagnes. La maison de l’ancêtre s’isole de plus en plus et prend figure de grand’mère aux paupières closes. Le type breton ne se renouvelle guère. On voit apparaître, selon les aptitudes que manifeste le charpentier d’une région, des spécimens étonnants, depuis la maison carrée revêtue de papier goudronné jusqu’à la boîte d’allumettes dressée en hauteur et que recouvre un toit en paliers, en passant par la maison