Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/104

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de la vie parisienne, il aborde la politique européenne, les questions coloniales, et donne naturellement la première place aux intérêts canadiens ; et si d’aventure il arrive à quelque écrivain — fut-ce à Edmond de Goncourt — de s’attaquer au Canada, il riposte avec feu, fait en passant le procès du naturalisme qui bat son plein, et reproche à l’auteur de Chérie, l’homme à l’écriture artiste, de s’en prendre aux Canadiens de n’être pas lu à Paris.

Et il en fut ainsi pendant vingt-cinq années. Si l’on rencontre encore des personnes qui nous demandent, avec un aimable sérieux, si nous logeons au sud ou au nord des États-Unis, si pour venir chez nous il faut prendre par l’isthme de Suez, ou encore si les douze mois de l’année canadienne se déroulent dans le même ordre et portent les mêmes noms que les douze mois de l’année européenne, du moins cette ignorance un peu désinvolte est-elle moins fréquente. Ces perles se font rares. Le Canada est connu plus sérieusement. Notre monde a triomphé de bien des erreurs et peut-être de quelques préjugés. Notre pays ne tient plus dans un conte de Cooper ni dans un roman de Raoul de Navery. L’Amérique de René a repris sa place dans la légende. C’est beaucoup de poésie de moins, c’est heureusement beaucoup de réalité de plus. Le Peau-Rouge n’est plus un critérium, et le nombre est plus restreint de ceux qui s’accordent