Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/106

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d’éloges et d’espérances qui s’élève autour de lui, et qui griserait un peuple formé d’éléments moins harmonieux et puissants, aucune voix discordante ne s’élève. On croit en nous autant que nous croyons en nous-mêmes. Cherchez dans l’histoire et voyez si vous y trouverez l’équivalent ! C’est peut-être la première nation qui se forme sans tiraillement, sans violence, par le seul procédé moderne du progrès. Ne tirez pas de salve en le regardant monter triomphalement à l’horizon le bruit du canon ne lui est pas familier, les fanfares industrielles suffisent à sa gloire. Ce trait caractéristique nouveau est comme la garantie de sa durable prospérité, de sa grandeur constante : il ouvre la marche de l’avenir. »

Il avait voulu voir dans l’Exposition de 1900 la révélation de ces forces productrices du Canada. La réalité l’éblouit, encore qu’elle le chagrine un peu. Il déplore secrètement ce que l’imagination va perdre au sein de cet insolent triomphe. Le souvenir lui semble trop absent de cette manifestation quasi-brutale d’énergie créatrice et d’unique richesse. Parmi les fécondités du présent il rêve d’un passé moins heureux qui lui paraît plus grand. Mais c’est le fait d’un instant. Il se ressaisit et convient. Il suppute notre fortune et la proclame avec satisfaction. Il écrit ce mot typique : « Le Canada est un coin du globe à retenir » ; et vaillam-