Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/108

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fidèle en cela à ses premières admirations. Vous avez vu comme il taquinait le naturalisme, resté pour lui l’expression voulue de la laideur. Il avait été des vingt-sept qui suivirent le cercueil de Musset et des deux mille qui, quelques années plus tard, accompagnèrent Murger ; et quelque chose de la tristesse de l’un et de la gaieté résignée de l’autre demeurait en lui. Il avait connu Lamartine et racontait volontiers sa visite, rue de la Ville-l’Évêque, à l’auteur appauvri du Cours familier de Littérature. Surtout, il avait aimé et cultivé Sainte-Beuve. C’était son auteur préféré. Il en conseillait la lecture et le considérait comme son maître ; et peut-être lui devait-il le sens critique et la vision très nette de la réalité qui caractérisent sa manière.

Est-il besoin de montrer comment M. Fabre, par ce culte qu’il avait des lettres, continuait de servir son pays et de donner à sa race un exemple que sans doute un jour le bronze perpétuera parmi nous ?

Nous vivons du passé. Notre survivance n’est qu’une longue et fière obéissance à la grande loi de nos origines, et celles-ci ne tiennent pas seulement dans le fait de la venue jusque sur notre sol d’héroïques pionniers, elles remontent à l’idéal qui animaient ces hommes, à l’esprit et au génie latin. Dans le sentiment profond qui illumine la trame