Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il n’est qu’une chose : savoir les planter. De Vigny qui s’inspira, comme tous les romantiques, de la sensibilité voulue du xviiième siècle, qui lut Bernardin de Saint-Pierre et cultiva Chateaubriand, n’a-t-il pas, par-delà Leconte de Lisle, engendré Baudelaire, et peut-être même Verlaine qu’il eût aimé avec tristesse, en qui il eût su mettre toutes les complaisances de sa souveraine pitié ? À quoi bon insister ? Est-ce qu’une simple lecture nous laisse indifférents ; et, toutes les fois que nous avons recours à ce moyen d’apprendre, non pas à écrire, mais à comprendre et à sentir, ne nous en reste-t-il pas, à notre insu parfois, quelque obscure influence, indéniable pourtant, qui se traduit au moment où nous croyons en avoir oublié l’attrait passager ?

On retracerait la plupart de ces « influences françaises » dans l’œuvre de M. Jean Charbonneau, poète des Blessures.

Lié, ainsi qu’il l’explique, au groupe de jeunes écrivains qui constituèrent l’École littéraire, en 1895, il a partagé et vécu les mêmes aspirations. Comme eux, avec eux, il lisait dévotement, il analysait avec soin les poètes français dont les noms éclipsaient déjà, dans certains cénacles et même à l’étranger, la gloire officielle de Victor Hugo, endormie au Panthéon. Ils rêvaient d’étoiles nou-