Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/120

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repris par plusieurs de nos jeunes poètes, cet heureux résultat de plier le talent à la discipline rigoureuse de la forme, de susciter le noble désir de l’expression pure, rehaussée, attentive, surveillée. Réfléchissons que cela nous manquait. Nos premiers poètes n’avaient eu que le souci d’exprimer la majesté de nos résistances et de montrer notre âme victorieuse. Les derniers venus ont sans doute plus négligé de telles sources d’inspiration ; mais ils sont partis à la recherche d’une poésie qui fut plus expressive en elle-même, plus parfaite par ses procédés, la richesse de la rime, le rythme abondant, le nombre de la phrase, par plus de précision et de nervosité, d’exactitude dans la description, de sûreté dans l’exécution. Avec cela, qu’elle soit devenue, chez certains, une préoccupation purement littéraire, une simple virtuosité, une écriture artiste, il se peut ; mais nous n’en avons pas moins acquis, grâce aux efforts de toute la génération nouvelle, un instrument nécessaire qui va nous permettre désormais, retournant au passé, de traduire, avec les mots qu’il faut, l’humble et forte poésie du terroir, la volonté créatrice que manifeste la nature, à peine domptée, où Chateaubriand promenait naguère son rêve immortel.

Ainsi donc, si nos jeunes poètes ont donné dans le mouvement poétique français contemporain, il ne sied pas de leur en faire un reproche qui équivaille