Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/129

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ges sont restées pliées, qui sommeillent dans le recueillement des bibliothèques. Il y a, à Paris, dans un endroit où fréquentent assidûment nos compatriotes, un de ces dortoirs de la pensée dont personne ne vient troubler le silencieux oubli. Si même nous consentons à ouvrir ces œuvres, il nous faut faire effort pour en parcourir hâtivement quelques pages. Nous les abandonnons à mi-chemin, de lassitude. Nous n’y prenons pas intérêt.

Nous avons tort, évidemment ; mais ce qui est plus grave c’est le dénigrement volontaire et comme systématique de tout œuvre canadienne. À entendre certains, on croirait que le talent ne peut trouver place parmi nous. Critique malsaine et déprimante. Il m’est arrivé plusieurs fois de lire devant des indifférents les articles que publiait naguère, dans la Pairie, Ægédius Fauteux sous ce pseudonyme : M. France. La lecture terminée, les auditeurs prononçaient infailliblement : « Ce doit être d’un Français ». Les critiques dramatiques que Fernand Rinfret donna l’Avenir du Nord ont provoqué, de la part d’un de nos avocats les plus portés sur les choses littéraires, une réflexion plus expressive encore. Si nos écrivains n’ont pas laissé de chefs-d’œuvre, je le regrette pour mon pays ; mais doit-on leur en faire un tel grief et dédaigner la sincérité de leur effort sous le prétexte trop simpliste qu’ils n’ont pas su en tirer plus d’éclat ?