Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/138

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gerons l’huître dans l’écaille ». C’est un peu dire, malheureusement. L’estomac est bon ; mais il y a l’huître. Quoique nous ayons accompli, et de très méritoire assurément, nous avons encore à faire pour justifier un pareil espoir, exprimé avec une jeune véhémence et le plaisir secret de placer une allusion littéraire. Ainsi tourné cependant, et projeté dans un programme de politique constructive, comme il élargit l’horizon vers les supériorités auxquelles nous pouvons légitimement prétendre !

De fait, ces idées conduisirent Joseph Baril au seuil de l’École des Hautes Études commerciales où, sur un bloc de pierre, le ciseau finissait à peine de graver ces trois mots impératifs : commerce, industrie, finance. Sa foi dans le passé consolidait ses ambitions d’avenir. Il serait de la génération neuve, résolument adonnée aux affaires, prête à prouver — ce dont personne ne devrait douter — que, sur ce terrain, nous ne sommes pas plus dépourvus que d’autres, alors que nous avons autant d’intelligence et, souvent, de l’esprit en plus. Heureuse prétention, que chacun partage au fond de son cœur, mais dont trop peu ont voulu faire un principe déterminant d’action persévérante et décisive. Joseph Baril s’engagea résolument dans cette large voie ; mais les lettres, pour lesquelles il avait gardé ses plus intimes préférences, le guettaient au détour.