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Pour la langue française[1]



Nous avons choisi de demeurer français ; et notre histoire n’est qu’une longue obstination à nos origines. Nous avons tenu malgré l’adversité qui a revêtu toutes les formes. Nous voilà plus de deux millions sur notre sol, unis devant la persécution. Pour vaincre ce nombre sans cesse grossissant, on a répandu qu’il voulait mâter la majorité, plier à sa fantaisie la volonté commune. Cette intention que l’on nous prête est tout de même un singulier hommage ; il y a cent ans qui eût dit cela ? Nous avons grandi. Il y a quelque chose en nous de fort et d’invincible.

Nous avons grandi ; mais tout seuls, dans l’abandon général, guidés et protégés par notre unique pensée. La fortune nous eût sans doute souri davantage si nous avions consenti à lui sacrifier notre passé. En trahissant ainsi nous eussions fait d’assez beaux Anglais, ayant quelque psychologie et un tour d’esprit qui ne s’achète pas. Nous ne l’avons pas voulu. Bien peu, aujourd’hui, nous

  1. Préface des Morceaux à dire, par mademoiselle Idola Saint-Jean — Montréal 1918.