Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/18

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un ton plus familier, presque attendri, s’affirment son respect du service militaire et son amour de l’armée ; et des considérations sur la guerre, qui nous font toucher le ressort de cette volonté, la beauté virile de cette âme. Quel n’est pas l’intérêt de cette révélation ? N’allons-nous pas trouver ici, dans ces mots enfiévrés, dans la chaude exaltation de ces sentiments, la source profonde des suprêmes audaces, le secret merveilleux de la résistance française ?

Les bleus ! Quel joli mot la langue populaire a su conserver pour exprimer l’hésitation un peu gauche, un peu naïve, de ceux qui laissent leur pays et leur enfance pour entrer dans la vie de la caserne et recevoir le baptême du drapeau ! Avec quelle sympathie ne les ai-je pas suivis, ces bleus, qui vont par groupes bruyants. C’est leur première liberté d’étudiants. Il leur faut montrer du courage, et cela ne va pas sans gaieté. Ils chantent : peut-être pour étouffer le regret d’avoir quitté le foyer aux douces habitudes. La population de Paris les accueille, amusée, goguenarde, intéressée quand même. Les gamins pensent à leur tour prochain. Les vieux disent : « Voilà les bleus, » et ils les regardent longuement, en fermant les yeux, comme on fait pour admirer un tableau préféré ; et leur cœur renaît aux heures lointaines, où ils n’avaient pas senti peser sur eux la première inquiétude de la