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LA TRADITION FRANÇAISE

quelques libertés, puis pour défendre l’Angleterre elle-même, parce qu’il était très beau et très français de faire ainsi.

Aujourd’hui que toutes ces luttes sont apaisées, laissez-nous ce dernier orgueil de croire que nous sommes encore de l’armée française, d’une armée de paix qui marque le pas dans le souvenir lointain. Mon général, permettez-moi de vous citer cette parole et de vous la confier, pour que, passant sur vos lèvres, elle garde quelque chose du commandement : « Sur la terre d’Amérique, le peuple canadien semble une sentinelle française que l’on aurait oublié de relever ! »

Et voilà pourquoi, pendant une crise récente, à laquelle M. Barthou a déjà fait allusion, lorsqu’on vint nous dire que peut-être le Gouvernement français nous demanderait un peu de notre blé, arme cette fois de combat, nous nous sommes réjouis à la pensée que de ce sol, fécondé jadis par du sang français, une force nouvelle allait germer qui irait combattre encore pour la France !

Dans l’avenir, nous saurons profiter de la leçon que vous nous avez donnée. Nous nous souviendrons qu’un Étienne Lamy s’est incliné respectueusement devant la terre canadienne ; qu’un Gabriel Hanotaux a su retrouver sur les cîmes de nos montagnes la pensée de Champlain ; que le regard créateur d’un des plus grands parmi les romanciers