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tableau des Dernières Cartouches. Avec un fusil dans les mains, ils ressemblent davantage aux soldats de la légende ».

Quelques mois passent, et « les bleus deviennent des anciens. Pauvres bleus ! Restez ce que vous êtes !… Le service militaire, l’impôt du sang, c’est une réalité très dure, mais une idée magnifique. On vous demande un long effort. On vous demande cet acte héroïque au nom de la patrie. Pourquoi mettriez-vous votre orgueil à n’y consentir que par crainte ?

« Pourquoi rougir d’être traité en héros ? »

Aujourd’hui les bleus sont devenus les poilus. Ceux qui ont résisté à la rafale tiennent toujours, dans la tranchée impatiente. Henry du Roure les y avait conduits, accompagnés. Toute sa vie, il avait repoussé les doctrines antimilitaristes et les rêves pacifistes qui se mêlaient, aussi légers, à la fumée des usines de guerre. Il aimait la paix, mais non pas jusqu’à lui sacrifier l’honneur. Il ne croyait pas d’ailleurs, pour reprendre le vocabulaire des sans-patrie, que la guerre fût uniquement une boucherie, dont l’effroyable horreur satisferait dans le sang les ambitions de quelques hommes. Pour lui, comme pour le poète, c’est :

Le grand embrassement du mort à sa patrie.