Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/25

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pourtant d’ajouter ces lignes où il se met au service de son pays, en lui abandonnant sa vie, où il prononce le mot d’ordre de sa génération : faire son devoir, quoi qu’il advienne. Tous les mots en ont été pesés ; et l’ensemble est superbe de résolution contenue. C’est comme le testament d’Henry du Roure, sergent au 369e d’infanterie, mort au champ d’honneur :

« Sans aller jusqu’à prévoir, avec les Allemands, le moment où le dernier Français aura disparu de la surface du globe, nous n’avons pas le droit d’écarter sans examen toutes les sombres hypothèses dont peut gémir notre amour-propre. Méditons au contraire sur ce thème douloureux ! Et que de cette méditation patriotique, sincère, courageuse, souvent renouvelée, jaillisse une résolution virile, une bonne volonté toujours vive. Sans doute chacun de nous, lorsqu’il se considère lui-même, se sent découragé et presque dispensé de l’effort par la faiblesse. En présence des forces immenses qui menacent de s’entrechoquer, que pouvons-nous ? Comment soulever de nos deux mains le poids infini des fatalités historiques ?… Comme une immense pierre, posée en équilibre sur une base étroite, hésite, chancelle, est d’abord à la merci du vent ou de la poussée d’un enfant, et puis, quand elle s’est enfin abattue, défierait l’effort des géants, ainsi la destinée des hommes et des