Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/31

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dont l’existence est tissée de succès ; une éclatante réussite, une belle aventure, en même temps qu’un profond néant.

Robert Lescœur, élevé d’abord par la piété inquiète de sa mère et confié, à cause de sa santé, à des précepteurs, est envoyé à Paris, à l’âge de onze ans, poursuivre ses premières études au Lycée Louis-le-Grand. Déjà le désir de parvenir, d’être quelqu’un, de dominer, hante ses jeunes rêveries dont il sent obscurément l’ordinaire futilité. Il devient avocat, « comme tout le monde, » et se dirige tout de suite vers la politique, « la voie commune, » dont les sinuosités l’ont vite rebuté. Secrétaire du député Lorgeril, il renonce à des fonctions qui l’irritent et le dégoûtent. Possédant quelque fortune, il accueille un instant l’agréable diversion de « jouer le Mécène. » Des poètes pauvres cherchent une revue où paraître et se lire : il la leur donne, au prix de leur ingratitude. Ces choses arrivent. Double déception : les tracasseries de la politique et les rêves, un instant réalisés, des poètes, tout cela se ressemble en vanité. Il revient au barreau, de bonté lasse. Il a de l’avenir, comme on dit de presque tous les jeunes gens. Il a de la volonté, ce qui vaut mieux. Il réussira.

Invité à Verceil par son ancien patron, il entre, au hasard d’une promenade et poussé uniquement par une subite curiosité, dans la vieille église dont