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infatigable et irréductible adversaire. Il ne fut pas que cela. Il a d’autres titres à notre admiration et à notre sympathie. La vie ne l’a pas épargné. Il cachait sous sa cuirasse, dont le monde n’a connu que les reflets, le pauvre cœur d’un homme. Et beaucoup l’aimeront mieux ainsi.

Il naquit à Boynes, le 11 octobre 1813. Il était d’origine modeste : il le dit avec fierté. Il a raconté son histoire. C’est le conte d’un ouvrier tonnelier faisant son tour de France. Ce sont les premières pages de Rome et Lorette. « Il y avait une fois, non pas un roi et une reine, mais un ouvrier tonnelier qui ne possédait au monde que ses outils »… Il s’appelait François-Brice Veuillot ; il avait 28 ans.[1] Un jour qu’il passait sur la route qui va de Pithiviers à Boynes, il aperçut, à la fenêtre d’une maison, une jeune fille. Il s’arrêta. « La fille était vertueuse autant qu’agréable ; elle aimait le travail ; l’honneur brillait sur son front parmi les fleurs de la santé et de la jeunesse ; un sens droit et ferme réglait ses discours ; les fortunes étaient égales, les cœurs allaient de pair ; le mariage se fit… Un enfant naquit. Des ambitions jusqu’alors inconnues entrèrent avec lui dans la pauvre demeure ;

  1. Charles Bouvard : Louis Veuillot et son pays natal, p. 7.