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ce cri de révolte : « Je vais me jeter dans un puits » Sa mère le prit au mot et, le tenant suspendu sur le gouffre qui reflétait sa figure épouvantée, elle lui fit promettre de quitter cette fantaisie.

Cette seconde épreuve, un peu dure, lui suffit. Il devint vite un élève studieux et suffisamment sage. Il fit l’étonnement des siens. Une sorcière du pays, qui était bonne fée, lui prédit qu’il serait empereur. Il devint donc un élève attentif. Sa curiosité s’éveilla tout de suite, qui jamais ne devait s’épuiser. Mais Boynes est loin des centres, loin de Paris. Que lire, sinon ce qui lui tombe sous la main ? La bibliothèque de son grand-père est là. Elle est bien modeste, mais il est déjà beau que ce grand-père, un ouvrier comme tous ceux de la famille, ait une bibliothèque. Elle contient une Bible, un Almanach, les Quatre Fils Aymon et des romans de La Calprenède. Le petit Veuillot a vite fait de parcourir ces livres ; et ce n’est pas encore un bien gros bagage littéraire qu’il emporte avec lui, lorsqu’il part pour Paris. Mais il a rempli la promesse des parents : il sait lire. Surtout, il veut lire, il veut savoir. La ténacité dont il a fait preuve jusqu’ici ne le quitte pas, mais elle porte sur d’autres objets, elle est sollicitée par d’autres ambitions. D’ailleurs, la vie seule exige tout le courage du petit ; car, à Paris, ce sera, pendant de longues années, le travail et la pauvreté ! Ce