Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/7

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par-dessus tout, il savait gré à notre peuple de son attachement à ses origines lointaines. Ces idées, je le sentis, nous rapprochèrent aussitôt lorsque je le rencontrai, un soir de juin 1913, dans l’intimité parfaite de sa famille. Nous causâmes peu ; mais les mots échangés nous liaient déjà, comme si les réflexions qu’ils portaient en eux nous eussent depuis longtemps préparés l’un à l’autre. De ces heures trop brèves, je garde un souvenir vivant qui se prolonge maintenant dans un adieu ; seul mérite de ces quelques pages, consacrées à la mémoire de l’ami d’un jour, disparu à jamais.

De sa vie, nous savons peu de chose. Il avait soin d’ailleurs de n’en rien dire, n’attachant d’importance qu’aux vérités de l’action. Il travaillait beaucoup, courageux et modeste. Il recherchait avant tout la consolation du devoir accompli et ne trouvait de satisfaction vraie que dans la poursuite du bien commun, auquel il brûlait de se livrer. Il était apprécié, connu. Son œuvre comptait déjà. Deux romans, deux titres de contes de fée, marquent les débuts de sa carrière, si brève et si noblement terminée, comme l’expression d’un rêve très doux qui serait presque d’un enfant : La Princesse Alice, La Petite Lampe. Ce furent ses premiers essais. Nous regrettons de ne pas connaître ces pages où, en passant, il apaisait sa sensibilité vive par des jeux d’esprit.