Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hector Fabre



Il y a quelques mois à peine, j’allais à Versailles où M Hector Fabre s’était retiré. Telle était mon amitié pour lui que j’accomplissais comme un devoir pieux cette dernière visite. Nous redoutions la fin. Il était atteint d’une de ces maladies dont on dit brutalement qu’elles ne pardonnent pas. J’allais le remercier encore, comme ses bontés sans nombre à mon égard m’en avaient fait contracter une sorte d’habitude. Je ne le vis pas : déjà il ne reconnaissait plus ceux qui l’approchaient et je ne voulais pas emporter de lui, que j’avais connu si vivant, ce dernier souvenir de l’avoir vu vaincu par la souffrance. Je revins de Versailles le cœur remué et, le lendemain, je laissais Paris. Le regret de n’avoir pas pu serrer une dernière fois la main de mon grand ami me restait présent : j’associais son image à toutes celles que j’abandonnais. Malgré moi j’avais cette impression étrange de mal quitter la France. Les départs sont faits de séparations nombreuses : parmi tant d’autres, il me manquait un adieu.

Tous ceux qui l’ont connu voudront rendre témoignage de l’extrême vivacité de son esprit, de la sympathie de son accueil et surtout de l’ex-