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LES POISSONS

« La collection du Muséum national d’histoire naturelle renferme un bel individu de l’espèce que nous décrivons dans cet article. Cette espèce, qui est encore la seule inscrite dans le nouveau genre des microptères, que nous avons cru devoir établir, a les deux mâchoires, le palais et la langue garnis d’un très grand nombre de rangées de dents petites, crochues et serrées ; la langue est d’ailleurs très libre dans ses mouvements ; et la mâchoire inférieure disparaît entièrement sous l’opercule, qui présente deux pièces, dont la première est arrondie dans son contour, et la seconde anguleuse. Cet opercule est couvert de plusieurs écailles ; celles du dos sont assez grandes et arrondies. La hauteur du corps proprement dit excède de beaucoup celle de l’origine de la queue. La ligne latérale se plie d’abord vers le bas, et se relève ensuite pour suivre la courbure du dos. Les nageoires pectorales et celles de l’anus sont très arrondies ; la première du dos ne commence qu’à une assez grande distance de la queue. Elle cesse d’être attachée au dos de l’animal, à l’endroit où elle parvient au-dessus de l’anale ; mais elle se prolonge en bande pointue et flottante jusqu’au-dessus de la seconde nageoire dorsale, qui est très basse et très petite, ainsi que nous venons de le dire, et que l’on croirait au premier coup d’œil entièrement adipeuse[1]. » (Lacépède, Histoire naturelle des Poissons, vol. IV, 325, 1802).

Rafinesque arrive en second pour donner un nom à l’achigan : mais une fois en Amérique, il en découvre huit espèces là où Lacépède n’en a vu qu’une ; il feint du reste d’ignorer l’existence de son illustre compatriote. Après Rafinesque vient Le Sueur qui n’en compte plus que cinq espèces. Cuvier et Valenciennes entrent en scène, à leur tour, en 1828 et 1829. Un naturaliste américain des bords du lac Huron leur avait adressé à Paris divers spécimens d’achigans capturés dans le lac Huron même, et par une circonstance bizarre, deux de ces spécimens se trouvèrent manquer d’une partie de la dorsale à l’instar de l’exemplaire de Lacépède, ce qui avait déterminé son nom de microptère ou petite aile. Ils ne lui conservèrent pas pour cela le nom qu’il avait reçu de Lacépède. Ils nommèrent l’achigan grande bouche, huro nigricans, et l’achigan petite bouche, grystes salmoïdes. Suivent à la file les naturalistes américains, tous savants de mérite à des degrés divers, auxquels se mêlent, en 1874, MM. Vaillant et Bocourt, dont l’opinion fort respectable et respectée s’est modifiée en 1878, pour finir par s’éclipser et disparaître devant celle de M. Henshall, acceptée définitivement depuis dix ans passés. Mais pourquoi ne pas enregistrer ici le tableau préparé par Henshall lui-même

  1. 5 rayons à la membrane branchiale.
    16 rayons à chaque pectorale.
    17 rayons à la nageoire de la queue.
    [D. X., 7 — 4 ; A. II, 11.]