LE BARS
D’après cette nomenclature déjà longue, qui pourrait cependant s’enrichir incommensurablement, il est déjà facile de voir que le bars est un poisson presque universellement connu, en Europe comme dans l’Amérique du nord. En Europe, il intéresse toutes les populations riveraines de l’Atlantique et de la Baltique, depuis Tromsoë, en Norvège, jusqu’à Gibraltar ; et faisant équerre ici, il côtoie les rivages méditerranéens, sans interruption, jusqu’en Orient. En Amérique, on le trouve également dans le bassin atlantique, depuis l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, correspondant à la Baltique, de l’autre côté, jusqu’au golfe du Mexique, faisant balance avec la Méditerranée.
Le bars appartient à l’ordre des percoïdes, auquel il fait grand honneur pour sa beauté, sa taille, sa valeur sportive et le goût délicat de sa chair. En Europe, on le classe fréquemment parmi les serranidés ou perches de mer, pendant qu’ici, au Canada, on lui donne plutôt place parmi les percidés ou perches de rivière ; mais, dans l’un comme dans l’autre groupe, il occupe incontestablement le premier rang. En mer, il n’est pas un serran qui ne lui cède le pas ; en eau douce, la perchaude, vêtue d’or, s’incline devant son armure argentée ; le doré s’écarte sur son passage ; l’achigan bronzé le laisse passer sous son balcon, sans l’attaquer ; le brochet lui-même reste tapis au fond de sa caverne — lorsque le vaillant chevalier traverse la forêt de Bondy.
Dans son ouvrage intitulé les Merveilles de la Nature, Brehm a fait du bars une description assez exacte, peu chargée de termes techniques, à laquelle je donne volontiers place ici. « Les bars ou perches de mer