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LA LAQUAÎCHE

LA LAQUAÎCHE

Moon-Eye — Hyodon tergisus


Le nom de laquaîche donné par les Français à ce poisson indigène de l’Amérique du Nord doit avoir été emprunté à quelque idiome sauvage du Canada. C’est un clupéidé d’eau douce, plus grand que ses congénères, car il réalise un poids de plus de deux livres. Son nom de Moon-eye (œil-de-lune) lui vient de ses yeux excessivement grands. Ce n’est pas un poisson de commerce, quoiqu’il ait une chair de bon goût, surtout pour ceux qui aiment le hareng. Il fournit un assez bon coup de ligne, soit qu’il attaque par huit ou dix pieds d’eau, près des glaises, au pied de grandes herbes, mordant au ver, soit qu’il happe la sauterelle ou la mouche à la surface, aux mois de juillet et août, de sept à dix heures du soir. Il diffère du hareng par sa plus forte taille et par les dents nombreuses dont sa bouche est armée. Très abondant dans les grands lacs… il se disperse de là beaucoup dans le Nord-Ouest, un peu dans le fleuve Saint-Laurent jusqu’au-dessous du lac Saint-Pierre, et dans l’Ottawa, où, de tous nos poissons il paraît être celui qui souffre le moins de la présence ambiante du bran de scie. Encore aujourd’hui il remonte jusqu’au pied des Chaudières.

Corps oblong, comprimé, couvert d’écailles cycloïdes moyennes, d’un brillant éclat argenté. Tête nue, courte, à museau tronque. Bouche oblique, terminale, mâchoires à peu près égales. Maxillaires petits, minces, dépourvus d’os supplémentaires, articulés à l’extrémité du prémaxillaire, et formant la marge latérale de la mâchoire supérieure. Dentition complète, toutes les parois de la bouche couvertes de dents de différents genres, et de diverses dimensions. Œil très grand ; les narines larges, rapprochées, mais séparées par une membrane ; ligne latérale droite et bien marquée. Pas de nageoire adipeuse ; pas d’oviduc ; vessie aérienne grande ; estomac en forme de fer à cheval ; un seul cæcum pylorique ; genre unique divisé en trois espèces habitant les eaux de l’Amérique du Nord. Sa chair est délicate, plus délicate que celle du hareng, mais remplie d’arêtes. Cependant une heure après la prise le poisson n’est plus mangeable. La laquaîche mord aux lombrics, au mois de juin : en juillet, août et septembre, il lui faut des mouches, des sauterelles, des