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LE SALMO SALAR ou SAUMON COMMUN
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indistinctement, tandis que nos pêcheurs et nos commerçants qui sont juges en la matière, s’accordent à dire que tout le saumon qui a été pris durant ces deux ou trois dernières années, était de l’espèce dite de la Ristigouche, ceux qui sont connus sous la désignation de saumons de la Métapédia ou de l’Upsalquitch ayant disparu.


Fig. 57. — Œufs et alevin du saumon, avec vésicule ombilicale.


« Depuis huit ans que je suis chargé de diriger ici l’établissement de pisciculture, j’ai fait mettre dans les tributaires les deux tiers au moins de tous les œufs à ma disposition. La Métapédia a eu la part du lion et j’avais lieu de m’attendre qu’elle devint la rivière par excellence ; bien loin de là, sa population a toujours été en diminuant, tandis que celle de la branche où est établie la pisciculture, a, durant ces quatre dernières années, à tel point augmenté, qu’après en avoir enlevé environ un demi million de livres à la seine, et 45,000 livres à la pêche à la ligne, les saumons y existent encore en si grand nombre que leur énorme quantité est nuisible à la reproduction, à cause de la destruction réciproque qu’ils font de leurs œufs. La seule explication possible à déduire de ce qui précède, c’est que tous les œufs soumis à l’incubation y ont été pris dans la branche principale (Ristigouche) ; les jeunes saumons, bien que placés dans les tributaires, sont retournés dans les eaux d’où ils originaient.

« Je ne suis pas prêt à affirmer que des jeunes saumons provenant d’œufs déposés dans des rivières qui se déchargent directement dans la mer reviendraient, à l’âge adulte, dans les rivières où ces œufs auraient été ainsi déposés, mais je n’en persiste pas moins à soutenir que toutes les rivières à saumon devraient être repeuplées avec des œufs provenant de poissons appartenant à chacune d’elles respectivement. C’est aussi l’opinion à moi exprimée, en 1881, par M. Buckland, d’Angleterre, opinion basée sur l’expérience acquise par plusieurs années d’observation sous ce rapport.