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LA CARPE

au monde entier, disons qu’elle a été mise à sec en 1814, lors de l’occupation par les puissances étrangères ; les poissons furent tous mangés par les Cosaques.

« D’après le Dr Sauvage elle a été mise de nouveau à sec, à la fin de 1866, et 20,000 carpes, mesurant de 18 à 30 centimètres, ont été vendues ; 1,250 des plus grosses, et beaucoup des petites qu’on voulait conserver, ont été transportées dans le bassin du milieu du parterre jusqu’à ce que le bassin fût rempli d’eau ?

« Il faut donc perdre une illusion, nous n’avons pas de carpes séculaires. »


Dès que la débâcle des glaces est faite, que le soleil de mai pénètre les eaux de ses rayons, le moxostôme quitte les profondeurs vaseuses où il s’est blotti durant l’hiver, et se rapproche des rivages pour y trouver un endroit favorable où déposer ses œufs et les féconder. Il recherche à cet effet les petites rivières, les cours d’eau paisibles et bien ombragés. Dans sa route, il franchira des chutes de cinq à six pieds avec autant d’adresse et de souplesse que la truite.

Il s’avance en bataillons serrés, mêlé aux catastômes blancs plus nombreux, côtoyant les rives. Nous en avons vu des processions de plusieurs milles de longueur, sur une largueur de trente à quarante pieds, à triples et quadruples rangs d’épaisseur, suivre les rives des Cascades et du Buisson, au-dessus du lac Saint-Louis, et cette migration durait sans interruption, dix, quinze jours, et quelquefois davantage.

On en prend alors de grandes quantités à la seine, à la nasse et au verveux. Les brochets en sont un carnage effrayant.

Le moxostôme doré mord à la ligne appâtée d’un ver rouge. C’est au soleil couchant, par un temps calme, et après une journée tiède qu’on réussit le mieux. S’il y a apparence de pluie, et qu’il en tombe même quelques grains, son appétit augmente, et l’on en fait alors des pêches merveilleuses.