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Page:Montpetit - Souvenirs tome I, 1944.djvu/128

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RUE SERPENTE

que j’ignorais et placé dans un cadre que je n’imaginais même pas. Pour quelqu’un qui venait en droite ligne de la rue Sainte-Catherine et de la rue Saint-Denis, féru de littérature tant qu’on voudra et teinté de connaissances économiques, ce fut dur. Je tins bon, mes notes en font foi : quarante leçons ardemment suivies. Mais j’avais dû refaire ma carte d’Europe.

Au Collège des Sciences sociales, j’assistais au cours de Le Pelletier sur la Question irlandaise ; en Sorbonne et à la Mairie du IXe Arrondissement, à celui de Marcel Dubois sur le Canada — excellent et sympathique — ; au Collège de France enfin, j’allais écouter Paul Leroy-Beaulieu dont, quoi qu’on en ait dit dans le temps, j’ai été fort peu l’élève. Il parlait sur la colonisation des peuples modernes dont il s’était fait une spécialité. Il n’était pas brillant, mais précis et solide. L’auditoire, au début tout au moins, était clairsemé ; puis, à ma grande surprise, il se fortifia. Vers les trois quarts de la leçon, la salle était presque pleine. J’en cherchai