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SOUVENIRS

morales et politiques, je n’ai guère de souvenirs : réunions graves de savants et de sociologues.

Lors de la séance annuelle de l’Académie des Beaux-Arts, le 9 novembre 1907, j’eus la joie d’entendre un de mes compatriotes.

Après une notice sur la vie et les travaux d’Eugène Guillaume, lue par le Secrétaire perpétuel, Henry Roujon, des musiciens exécutèrent une scène lyrique qui avait remporté le premier grand prix : Selma, œuvre de M. Maurice-Georges-Eugène Le Boucher, élève de Fauré et de Widor. Les vers étaient mauvais et une musique, qui semblait tamisée, descendait sur l’auditoire depuis la tribune où Vidal dirigeait, avec quelle sobre élégance, l’accompagnement par l’orchestre de l’Opéra. Rodolphe Plamondon tenait le rôle de Kaïs. Il disait des choses attendries :

Non, car je viens d’entendre,
Tu ne peux t’en défendre,
Ta voix douce et si tendre
Répéter ton aveu.

Jamais je n’ai mieux compris qu’il y a une poésie qui gagne à être chantée. Pour moi,