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RENCONTRES

Je m’étais mis dans l’idée de rendre visite à quelques écrivains et de leur faire le coup de l’autographe.


J’allai d’abord chez Monsieur de Molinari. Il habitait rue de Verneuil où je fus accueilli par sa belle-fille, femme sérieuse qui possédait l’Économie politique mieux que beaucoup d’économistes, et qui parlait protectionnisme, Nouvelle-Zélande, Canada, comme un professeur de la Faculté de Paris.

Le maître paraît. Il est très vieux, mais plein de vie. Il parle bas, comme à lui-même. Les cheveux sont blancs et courts. La figure est plissée. « Vous m’évoquez le Canada, me dit-il dès le début de la conversation. C’est un pays que j’ai visité dans l’enchantement et dont je garde le meilleur souvenir ». Je lui rappelle que mon père était de ceux qui l’accueillirent lorsqu’il traversa l’Atlantique au moment de la fondation du Crédit franco-canadien.