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RENCONTRES

parce qu’il serait élu par elle ; où une Cour Suprême veillerait à ce que des exactions, possibles avec tous les pouvoirs, ne soient pas commises. « Pour qu’on ne me jette pas l’accusation de prêcher mes rêves, résume Déroulède, je propose une constitution qui existe déjà — celle des États-Unis ».

« Pensons à nos morts », dit enfin Déroulède, qui s’excuse de troubler une fête gaie par une note sombre. Et il évoque un souvenir. C’était en 1886, lors de la dernière guerre gréco-turque. Le président d’une ligue de patriotes helléniques avait demandé à la France de se souvenir que la Grèce l’avait aidée en 1870, et l’avait priée de la secourir à son tour. Déroulède était en Italie. Il laisse là son voyage, il se dirige vers Athènes pour s’enrôler, mais il arrive trop tard : les préliminaires de paix sont signés. Il est bien accueilli et va visiter avec des militaires un endroit où, la veille, on s’était bien battu.

Déroulède y reçut un enthousiaste accueil. On alluma des feux, on fit rôtir des moutons entiers, et l’on versa de ce petit vin clair que