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SOUVENIRS

songé au coin de terre où s’était joué un drame analogue.

Les routes ! Elles n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, mais de terre, poudreuses ou boueuses selon le temps, étroites et sinueuses. Nous les parcourions en voiture à foin ou bien à pied, un bambou sur l’épaule, lorsque nous allions vers la rivière Saint-François que nous traversions à gué.

Combien sont venus nous dire au collège : « Vous vivez le plus beau temps de votre vie. » Nous ne le croyions pas. Sans doute, il y a, plus tard, le rude apprentissage de la liberté et l’enivrement de l’action, mais rien n’efface les heures de paix et de recueillement, ni les joies, ni les ravissements de la première jeunesse.

Ce qui nous reste de cette vie ? Une discipline. Le collège avait le souci constant de la discipline. Nous n’y comprenions pas grand’chose, évidemment ; nous bougonnions sans cesse contre la règle. Mais nous l’absor-