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SOUVENIRS

allait entendre plaider le patron et d’autres avocats que la curiosité lui faisait rechercher ou que le hasard lui présentait dans les chambres solennelles, parfois froides, parfois chaudes de monde, toujours nues et sévères où la justice accomplissait sans lassitude apparente sa tâche suzeraine. Curieux, on le pense bien, de ces joutes judiciaires, il appréciait le côté métier, les attitudes, l’éloquence, les arguments, la psychologie des maîtres.

La Cour d’assises, les jours de grandes vedettes, faisait salle comble : les étudiants s’y installaient dès la première audience, suivaient l’interrogatoire des témoins et de l’accusé, s’essayaient à prévoir et à peser les réactions de l’avocat général, les jeux de la défense, le résumé de la preuve et la charge du juge.

Le moment du verdict nous pressait autour du tribunal, surtout lorsqu’il s’agissait d’une condamnation à la peine capitale. Le juge, revêtu des signes de l’autorité, couvert du tricorne, prononçait en présence du shérif : « Je vous condamne à être pendu jusqu’à ce que mort s’ensuive. »